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MessageSujet: - condolences to good. (grey) terminé.   - condolences to good. (grey) terminé. EmptyMar 12 Jan - 13:12


pay my respects to grace and virtue,
send my condolences to good
hear my regards to soul and romance,

they always did the best they could



Les filles étaient parties en week-end. Poppy n'avait pas bien saisi qui se mariait, où, avec qui, (et surtout pourquoi – qui se mariait encore en 2016 ?) car l'information lui avait été dispensée par une Tegan sur le départ entre deux portes et trois valises. Le fait était que la colocation avait fondu en un claquement enthousiaste de porte, et le grand appartement s'était vidé pour quelques jours. Elle n'y pouvait rien, si elle était si mal à l'aise avec le silence. Elle avait grandi avec deux grandes sœurs et deux mamans, ça courrait dans tous les sens et il y avait toujours bien une trace de rouge à lèvre s'effaçant sur la joue de quelqu'un. C'était son éducation. Ce mot qu'on lui brandissait à tort et à travers, elle savait s'en saisir. Elle était sortie, la veille. Deux-trois verres avec les jumeaux Boleyn, rien de plus sage. Low-key, le vendredi soir. Ils avaient parlé politique et plans vacances pour l'été. Ils étaient dans leurs pieux avant minuit, trois cendrillons passablement éméchées. Bonus : un prince relativement charmant. Elle avait occupé l'espace, comblé le silence. Presque trop, à vrai dire, la carrure s'était octroyée toute la largeur du lit. Aussi, Poppy, éjectée de son royaume au petit matin, était allée prendre possession de la cuisine. Une tasse de thé vert, un bol de muesli. Qu'il n'aille pas se faire des idées, les hommes étaient comme les gremlins, ne jamais leur donner à manger après minuit. Elle n'était pas censée les mouiller non plus, mais une heure plus tard, le clapotis de la douche s'était mis à jouer sans son accord. Un petit-déjeuner paisible, le journal sur les genoux. Fille de sa génération, elle était abonnée aux quotidiens sur son iPhone et scrollait le malheur, comme tout le monde. Mais le Seattle Times, c'était en papier, l'encre sur les doigts. Elle allait le chercher directement sur le paillasson de sa voisine du dessous et en échange, ouvrait à son chat en allant le lui ramener. D'ailleurs c'était sans doute elle, les quatre coups à la porte. Poppy se laissa glisser de son haut tabouret contre le comptoir et traversa la pièce, pieds nus contre le plancher froid. Si elle venait encore lui montrer une photo de son fils, le charmant ingénieur qui venait de fêter ses trente piges et était toujours célibataire, tu le crois ça ?, elle allait la lui faire bouffer. La porte s'ouvrit sur un grand soupir. "Oui ? Oh, Darcy." Elle resserra sa robe de chambre autour de sa taille et ses traits tombèrent. Pas besoin de commedia dell'arte avec lui. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose lorsqu'une haute silhouette apparut derrière Poppy, lui faisant de l'ombre.  Elle regarda derrière son épaule, le dénommé Luke, puis en direction de Grey, puis Luke à nouveau. S'il espérait des présentations, il se fourrait le doigt dans l'œil jusqu'au coude. "Rien oublié ? Bon, et bien, bonne journée." Il se pencha vers elle, sans qu'elle sache si c'était pour lui faire la bise ou simplement la contourner, aussi Poppy esquiva en faisant un large pas sur le côté et un sourire figé. Au cas où. "Bye." Luke répondit quelque chose, sûrement un au revoir en écho, en passant le seuil, mais elle n'y prêta que peu d'attention. Elle était passée à autre chose. "Grey, mon brave. Que puis-je faire pour toi ?"


Dernière édition par Poppy Pushkin le Mer 20 Jan - 11:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: - condolences to good. (grey) terminé.   - condolences to good. (grey) terminé. EmptyMar 12 Jan - 17:31

D’un mouvement précautionneux et hésitant, Darcy bascula la tête de côté. La réponse fut immédiate : série de craquements tout le long des cervicales. « Aoutch » ; il suspendit le geste, renonçant à s’engager si tôt dans une lutte contre les courbatures que lui avait laissées sa position. Il s’était endormi allez savoir quand – son dernier souvenir était celui d’une soirée studieuse en tête à tête avec un article, mais au moment de rallumer l’écran, son regard interloqué ne rencontra qu’un interminable enchaînement de zzzzzzzzzzzzzzzzz s’étendant sur des pages et des pages. « Shit », marmonna-t-il en bâillant à s’en décrocher la mâchoire, s’attelant à remonter le document pour effacer les élucubrations saisies inconsciemment au petites heures du matin. La veille au soir, comme toujours, le sommeil l’avait fui ; il avait dû s’épuiser complètement pour s’offrir le luxe de quelques heures de repos. Et aujourd’hui, comme toujours, il s’arrachait aux limbes d’une pseudo-nuit trop courte avec une drôle de sensation (comme un engourdissement au creux de chaque muscle et une légère nausée persistante, le tout doublé d’un mal de crâne étouffé qui tambourinait non-stop à ses tempes, en fond sonore). Point positif : il avait réellement avancé. Le constat satisfaisant dissipait quelque peu l’arrière-goût désagréable de sa nuit quasi-blanche. Il joignit en quelques clics les photos appropriées aux infos qu’il avait passé des heures à trier et à organiser, enregistra le tout et lâcha le pc pour attraper un pull. Le jour poignait à peine à l’horizon, un jogging matinal était de rigueur pour chasser les dernières traces de sommeil encore accrochées à ses paupières lourdes.

(...)

Seattle s’éveillait enfin lorsqu’il retrouva avec satisfaction la chaleur de son appart’, et il se délassa dans une douche rapide avant de rejoindre la cuisine, où flottait l’arôme alléchant du café chaud. Gracieuseté d’un Cole occupé à piquer du nez devant le Times. « Déjà debout ? J’aurais cru que t’aurais plus de mal à émerger après hier soir. » « Hm ? Oh, nan on n’a bu que quelques verres à peine. Y’a plus de – » sa phrase fut brièvement interrompue lorsque Darcy recracha sans façon la gorgée de café brûlante et nature qu’il venait de tenter d’avaler – « sucre, by the way. » Et voilà Cole qui se fendait la poire à ses dépens alors qu’il grimaçait, le bout de sa langue ébouillantée pendant lamentablement entre ses lèvres ouvertes. Mais c’était surtout l’arôme amer resté tatoué sur ses papilles qui les dérangeait, lui et sa dent sucrée. « Dégueu. J’vais voir si les filles peuvent nous dépanner. » « La belle excuse », scanda un Cole tout à coup plus réveillé en haussant les sourcils à plusieurs reprises, la voix chargée de sous-entendus. Et Darcy de répliquer – « J’vois tellement pas de quoi tu parles » en levant les yeux au ciel, même s’il pouvait presque entendre le tu veux juste voir Poppy, heiiiiiin ? que son coloc’ lui avait épargné. N’importe quoi.

Couloir traversé en deux pas, il toqua une fois sans succès, puis deux, avant que la porte ne s’ouvre sur une Poppy en robe de chambre. « Comment ça oh, Darcy ? Tu pourrais y mettre un peu plus d’entrain, je suis sûr que – » La plaisanterie avorta lorsqu’un type se planta comme un piquet derrière elle. Awkward moment, la mine de Darcy s’assombrit. « Rien oublié ? Bon, et bien, bonne journée », asséna la jeune femme avec un détachement évident. Ça aurait pu être satisfaisant. Ça ne l’était pas. L’autre s’éclipsa (ou plutôt, se fit éjecter de façon flagrante) et il sentit l’attention de Poppy se reporter sur lui, mais son regard resta sur le chambranle de la porte. « Grey, mon brave. Que puis-je faire pour toi ? » « Rupture de stock, tu peux me dépanner en sucre ? » Réponse énoncée d’une voix morne, dépourvue des accents légers de tout à l’heure ; clairement, il était agacé : les petites habitudes de Poppy avaient le don de choquer les restes de son éducation chrétienne. Ferme-la. C’est pas comme si ça te regardait après tout, qu’elle se tape le premier venu. La bonne résolution dura précisément trente secondes, mais s’il ravala sa leçon de morale à deux balles le temps de la suivre à l'intérieur, il ne put retenir son envie de la mettre en rogne pour la peine. « Je voulais ton avis aussi sur – attends. » Il sortit son téléphone sur un coup de tête, pianota quelques secondes, se racla la gorge pour déclamer avec un romantisme feint, complètement surjoué : « Sans toi je suis comme un océan sans plage, un cheeseburger sans fromage, un téléphone sans appareil photo. Qu’est-ce que t’en penses ? C’est pour une fille que j’ai rencontrée hier, ça m’a coûté 35 cents. » Et il chipa dans son bol de muesli avec un grand sourire, comme s’il n’était pas conscient d’être à doigts de se bouffer une tempête.


Dernière édition par Grey Darcy-Rowe le Mer 13 Jan - 3:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: - condolences to good. (grey) terminé.   - condolences to good. (grey) terminé. EmptyMar 12 Jan - 18:52


Une crise à la fois. Luke parti, Poppy reprenait le contrôle. Elle vit du coin de l'œil son ô si large dos s'éloigner jusqu'aux escaliers, mais ne détacha pas le regard de Grey. Un homme à la fois. Belle allégorie de pourquoi exactement, avant d'emménager ici, elle avait refusé une kyrielle d'appartements mixtes. Les chromosomes xy, c'était passif agressif, ça prenait trop de place – ça voulait du sucre. A 8h, un samedi matin. Ben voyons. Un vrai bébé, c'était à peine croyable. "Quitte à mettre tant de sucre dans ton café, tu ferais mieux de boire du chocolat chaud, tu sais," lâcha Poppy en faisant volte-face, laissant la porte ouverte derrière elle afin de laisser entrer Darcy. "Personne ne te trouvera moins viril, je t'assure." Ses mots étaient bienveillants, son ton ne l'était pas. Sa voix portait le vibrato des habituelles railleries, qu'elle avait fini par considérer comme la seule façon valable de s'adresser à lui. Poppy, elle était pétrie de principes, et ne gâche pas ton arabica avec du sucre faisait partie du top cinq. Elle mena la procession jusqu'à la cuisine, se demandant si elle ne ferait pas mieux de lui filer son pot de stevia en prétendant que c'est tout ce qu'il y avait en son humble demeure. Pour le bien de Grey, et de son pauvre palpitant, qui devait être dans un horrible état, courant tous les matins derrière son propriétaire, et si mal entretenu. "Je voulais ton avis aussi sur-" vint sa voix dans le dos de Poppy, qui dût se mettre sur la pointe des pieds pour ouvrir la porte des étagères du haut. Bon, allez, elle était de bonne humeur. Il aurait droit au bon sucre commun avec lequel les filles faisaient des pâtisseries. "Sans toi je suis comme un océan sans plage, un cheeseburger sans fromage…" La mâchoire de Poppy se serra, la peau se tendit sur ses omoplates. Stevia it is. Tandis que blondinet finissait son sonnet, sa main se referma sur le pot rose et blanc diététique dont elle était la seule à se servir. Elle se retourna, lui fichant le bien-aimé sucre, ou tout comme, contre la poitrine. "Si ton désir est qu'elle vomisse sur tes baskets à 15$, alors c'est les 35 cents les mieux dépensés de l'histoire, mon pote." Elle eut un sourire tellement faux que la cire brillait. Il savait à quel point elle détestait entendre ces conneries, c'était sa kryptonite, l'équivalent pushkinien d'un ongle sur un tableau. Il débarquait un samedi matin pour lui demander secours, et il osait faire crisser la paisible cuisine ? Elle plissa les yeux. "Comment ça, une fille que t'as rencontrée hier ? T'étais pas censé bosser hier ?" Elle avait Cole dans la poche, informateur malgré lui. Elle était au courant de tout sans jamais avoir à lever le petit doigt. Il était mal avisé de la sous-estimer. Elle hocha la tête doucement, s'adossant au plan de travail. "Don't shit where you eat, Darcy," continua-t-elle en pinçant les lèvres, feignant à merveille l'inquiétude authentique. D'accord, elle pouvait dépanner en glucose. Mais d'où il s'était mis en tête qu'il pouvait venir la trouver avec ses problèmes de cœur, le mystère restait entier.
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MessageSujet: Re: - condolences to good. (grey) terminé.   - condolences to good. (grey) terminé. EmptyMer 13 Jan - 1:46

« Personne ne te trouvera moins viril, je t'assure. » Fidèle à elle-même – peste et attachante à la fois, toujours le mot pour plaire (ironie quand tu nous tiens). Darcy aurait encaissé son sarcasme avec amusement en temps normal, et répliqué sur le même ton. Encore aurait-il fallu pour ça que son cerveau consente à imprimer ce genre de scènes comme des normalités, cela dit – mais non, même après tout ce temps il restait toujours aussi réfractaire aux one-off de Poppy qu’au premier jour. Pour l'heure, il était donc trop occupé à ressasser l’image de son jule pour avoir envie de plaisanter. « Si s’abstenir de sucre suffisait à garantir le degré de virilité, ton taux de testostérone créverait le plafond », répondit-il platement avant de titiller un autre de ses sacro-saints principes en évoquant un texto qui ne pouvait que la hérisser. En récompense, il reçut le pot de sucre dans l’estomac, avec une délicatesse toute poppienne. Il évalua d’un œil suspicieux ce qu’elle venait de lui confier. Déjà dubitatif à la vue du ‘extrait de Stevia / édulcorant d’origine NATURELLE’ qui ornait agressivement l’emballage rose et moins rassuré encore par le ‘0 glucose, 0 saccharose, 0 fructose, ZERO CALORIES’ inscrit un peu plus bas pour enfoncer le clou. Ugh. « Quelque chose de plus poétique alors… j’ai le choix avec : Je pense à toi deux fois par jour, quand j’ai les yeux ouverts et quand j’ai les yeux fermés. Mieux ? » Taper 8100 et faire le plein de daubes : check. « Si ton désir est qu'elle vomisse sur tes baskets à 15$, alors c'est les 35 cents les mieux dépensés de l'histoire, mon pote. » Pour la peine, son sourire faux se mua en un vrai sourire en coin – elle était agacée, mission accomplie. Ses narines frémissant sous l’outrage soufflaient les braises de la frustration de Darcy. « Ne sois pas si dédaigneuse, le cheap a son charme. Et c’est aussi valable en matière de sucre d’ailleurs : tu n’en aurais pas un plus banal en réserve, avec moins d’extraits de gazon et plus de glucose ? » Il posa le pot sur la table et le fit glisser jusqu’à elle en tentant de l'attendrir avec un air piteux  – retour à l’envoyeur. Ce machin ne lui disait franchement rien qui vaille. « Comment ça, une fille que t'as rencontrée hier ? T'étais pas censé bosser hier ? » Geez, c’est qu’elle était informée. Il se renfrogna. « Touché. J’avoue tout alors : cette prose délicate t’était entièrement dédiée. » Et un clin d’œil provoquant pour la route, un. « Don't shit where you eat, Darcy. » Remarque empreinte d’une sollicitude tout à fait simulée. Et juste comme ça, le zeste d’apaisement se fit la malle ; le sujet de sa contrariété lui revint de plein fouet. « Gross. Qu’est-ce que tu dirais plutôt de don’t shit where you sleep? C’est un peu moins – ah non, vrai que cette formule-là t’irait mal. » Il pointa la porte du bout du pouce, par-dessus son épaule, pour indiquer qu’il faisait référence au type qui venait de quitter l’appartement. « Je ne m’habituerai jamais à te voir t’inquiéter autant de ce dont tu nourris ton corps, mais ne pas hésiter à le servir sur un plateau d’argent à n’importe quel glandu. C'est plutôt paradoxal Poppy. »
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MessageSujet: Re: - condolences to good. (grey) terminé.   - condolences to good. (grey) terminé. EmptyMer 13 Jan - 12:03

"Si s'abstenir de sucre suffisait à garantir le degré de virilité, ton taux de testostérone crèverait le plafond." Un trou dans l'eau. Darcy, Darcy, know thy enemy. Elevée par un couple homosexuel, dans un dégoût religieux des gender roles, Poppy avait eu le choix toute sa vie entre poupées barbie et petites voitures. Elle était complètement à l'aise à porter des talons et des mini-jupes, et être carriériste, autoritaire, et pas maternelle pour un sou. Lui, par contre, et son éducation conservatrice… Il était fait de vieilles convenances. Raison pour laquelle elle aurait dû se douter de ce qui allait suivre, le pressentir. Mais elle était de bonne humeur, et malgré les apparences, elle avait du respect pour lui. Elle avait eu la naïveté de croire que, aujourd'hui, il en serait de même pour Grey. Il n'était même pas fichu de se contenter de la stevia qui, de toute façon, aurait exactement le même goût que le sucre une fois dilué au kilo dans son café bas de gamme. "Tu n'en aurais pas un plus banal en réserve, avec moins d'extraits de gazon et plus de glucose ?" Poppy referma précautionneusement la porte de l'armoire et secoua doucement la tête. "Ce n'est pas comme ça qu'on dit merci." Si ça ne lui convenait pas, il y avait une poignée d'autres habitants de l'immeuble qu'il pouvait aller déranger pour un peu de sucre. Elle ignora la remarque suivante et le clin d'œil l'accompagnant pour une raison pratique : elle avait attrapé son bol de muesli sur le comptoir, autant pour empêcher Grey de se servir que pour le finir à son aise. Et puis, parce que son interlocuteur était biologiquement incapable de ne pas gâcher un beau samedi matin, il fallut qu'il fasse une remarque. Elle l'écouta en silence, le fixant avec tout le désespoir qu'elle parvenait à conjurer. Elle resta stoïque, pas le moment de s'énerver, Poppy. Ça lui ferait trop plaisir. Aussi attendit-elle sagement la fin de sa tirade, en continuant de grignoter son muesli du bout de la cuillère. Tout ce qu'il osait prononcer faisait se hérisser ses poils. Ce jugement à deux balles, son ton faussement tracassé, cette misogynie latente. S'il s'imaginait vraiment qu'elle servait son corps à qui que ce soit, c'était mal la connaître. Si cette attaque ne lui avait pas été directement adressée, elle aurait trouvé triste, cette façon dont les parents avaient gâché le fils. Elle pencha la tête sur le côté, laissa échapper un petit gémissement agacé. "C'est chou, cette façon de voir le sexe comme maléfique. Incroyablement navrant et médiéval, mais chou," lança Poppy avec un sourire faussement patient, alors que si un regard avait pu tuer, il serait présentement sur le plancher à crier après sa maman. Avant qu'il puisse répliquer quoi que ce soit, elle se racla la gorge. "Les relations sexuelles protégées sont bonnes pour le cœur, le système immunitaire, les maux de têtes, la peau, le sommeil et, pour qui sait bien s'y prendre, le moral. C'est scientifique. Aucun paradoxe là-dedans. Alors, puisqu'apparemment, c'est open mic ce matin, faut que je te dise… je pense que t'as cruellement besoin de t'envoyer en l'air." Elle croqua dans un flocon d'avoine. "Ça t'aiderait à avoir l'air moins constipé." Ses préjugés de gentil petit enfant de chœur, il pouvait se les ravaler et s'étouffer avec. Pas de ça sous son toit.
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MessageSujet: Re: - condolences to good. (grey) terminé.   - condolences to good. (grey) terminé. EmptyJeu 14 Jan - 10:59

« Réduire le cul au statut de médicament donne sacrément envie oui. » Haussement de sourcils perplexe. Darcy avait certes eu l’occasion d’illustrer à deux ou trois reprises des articles relatant des conclusions d’études toutes plus inspirées les unes que les autres à propos du sport de chambre, mais il n’en était pas spécialement friand. Le sexe était depuis longtemps affiché et décortiqué à tout va – effet de mode, simple commerce ; lectorat et/ou audience assurés). A ses yeux, c’était surtout une belle façon de capter l’attention d’une génération soucieuse de se dédouaner en brandissant les aspects positifs de ses excès. Une belle façon de nier le mal être croissant, généralisé, qui accompagnait la volonté commune de s’affranchir des mœurs et de briser aujourd'hui tous les tabous d’hier. « Et donc, prochaine étape docteur ? » Tout en posant la question, il avait rejoint la fenêtre la plus proche pour scruter les quelques badauds déjà de sortie à cette heure. D’un mouvement de menton, il désigna une passante en équilibre sur ses talons haut, sac au creux du bras – de celles qui attiraient facilement tant les regards que les manques d’égards injustifiés. « Tiens, cette femme-là ferait un kleenex tout à fait convenable. Je lui sors le grand jeu, je la ramène chez moi ce soir et je la mets à la porte au petit matin ? Réveil avant 8h, courtoisie post-coïtale réduite au strict minimum, verre d’eau et petit-déjeuner proscrits… Quoi d’autre ? Ah oui : limite de 10 mots maximum imposée. De quoi lui faire comprendre que sa date de péremption est passée et qu’elle n’a plus aucune valeur après usage. » Darcy avait beau l’énoncer d’un ton badin, cette philosophie le hérissait. C’était sans doute la raison pour laquelle, bien qu’habitué à ne pas se mêler du mode de vie des autres, il se découvrait de moins en moins apte à voir s’enchaîner les one-off de Poppy sans mot dire. Au final les choses n’avaient que trop souvent été ainsi entre eux : tantôt elle le fascinait, de ses idées avant-gardistes à sa tolérance en passant par son âme de justicière, d’independant woman. Et tantôt ses idées le rebutaient, clashant trop brutalement avec les restes d’enseignements religieux qui continuaient de façonner sa conscience de croyant-slash-non pratiquant. Pas que, cela dit : il y avait aussi l’âme critique du journaliste qui voyait défiler toujours plus de théories terre-à-terre et qui se lassait de les voir bafouer d’autres types de valeurs. « Alors certes, réitérer l’exercice pourrait bien m’aider à avoir un cœur d’athlète et une peau de bébé, m’épargner la prochaine épidémie de grippe ou même me garantir l’immortalité, je ne trouverais pas la méthode plus vertueuse. Je ne te parle pas de science mais de logique, de valeurs, de morale, de respect. » C’était son fameux côté vieux-jeu et impopulaire – à ses yeux, intimité devait encore rimer avec complicité et affinités. « Le paradoxe, c’est de filtrer le moustique et de laisser passer le chameau. Le paradoxe, c’est d’être obnubilée par un gramme de saccharose, mais de se contenter de critères superficiels pour sélectionner des partenaires sexuels. Parce que hey, on est au 21ème siècle n’est-ce pas, un bout de latex doit bien assurer 100% de sécurité ? Peu importe le passif de l’autre, son taux d’alcoolémie, ses intentions, ses vices. Le paradoxe, c’est d'être intime avec un parfait inconnu. Ou d’être la féministe qui conseille sans ciller à un homme de traiter les femmes comme des objets sexuels pour se sentir mieux dans sa peau. Le paradoxe, Poppy, c’est ta façon de mépriser tant les censeurs que les machos adeptes du ‘sois belle et tais-toi’, mais de considérer avec non moins de dédain la gent masculine dans son ensemble. » Il ravala le reste de sa diatribe, agacé d’avoir lancé le débat. Parce qu’au final, il restait l’ami de l’ami, le voisin d’en face – en d’autres termes : ça ne le concernait pas. Si Cole avait été là pour désamorcer la bombe comme à l’accoutumée, il aurait sans doute raillé Darcy pour ses reproches dignes d’un amoureux jaloux ; ledit Darcy se serait renfrogné en maugréant que ‘ça n’avait rien à voir’, et se serait appliqué à aborder n’importe quel autre sujet pour noyer le poisson aussi rapidement que possible. Basta. Mais non, pour le coup ils étaient en tête à tête, à brandir leurs différences en étendards. « Anyway, on sait bien tous les deux que chacun de nous fait ce qu’il veut. Moi et mon sucre, toi et ton cimetière de mecs, whatevs. » Constat simplement voué à atténuer la morale qu’il avait laissée filtrer sous le coup d’une impulsion. Il était toutefois un peu tard pour relativiser dans le but d’assurer le statut quo. « Mais croiser un inconnu sur ton palier me mettra toujours en rogne, et ce n’est pas une question de croyances moyenâgeuses erronées. J’ai juste le malheur de penser que tu vaux mieux que ça. »



Dernière édition par Grey Darcy-Rowe le Jeu 14 Jan - 13:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: - condolences to good. (grey) terminé.   - condolences to good. (grey) terminé. EmptyJeu 14 Jan - 12:53

C'était entièrement sa faute à lui. Il n'avait pas su garder ses leçons de morale non-désirées derrière ses dents. Elle le voyait à son visage, qu'il était allé coller près de la fenêtre, qu'elle allait avoir droit à une de ses conférences passives-agressives qui lui avaient valu le surnom de Prof' pendant quelques temps, entre Poppy et Cole. Autrefois, elle se serait débattue, aurait probablement crié au-dessus de lui jusqu'à ce qu'il abandonne, qu'il finisse par se rendre compte que son niveau de d'endurance ne dépasserait jamais celui de Poppy, qui était autrement plus habituée que lui à devoir encaisser les critiques. Mais elle s'était mise au yoga. A la méditation. Si elle n'était pas encore parvenue à laisser toute remarque couler sur elle, elle parvenait à feindre le phénomène d'une façon assez convaincante. Aussi, elle retourna sur son tabouret, croisa les jambes, et entoura son mug de thé de ses mains pour les réchauffer. Sans la criante idéologie d'homme blanc des années 60 se déroulant en fond sonore, le moment aurait presque pu être considéré apaisant. Presque. La voix grave de Grey était agréable, si on se détachait du sens pour n'en garder que les sonorités. Mais Poppy parlait anglais, et c'était bien ça le problème. Elle faillit ouvrir la bouche trois fois, mais se retint, serrant les mains plus fort sur son mug alors qu'elle s'octroyait une gorgée bien méritée – qu'elle eut bien du mal à avaler quand il en arriva à "je te parle pas de science mais de logique, de valeurs, de morale, de respect." Il déformait ses propos. Puis il osait parler de respect, alors qu'il venait lui expliquer pourquoi son mode de vie était dégradant et qu'il savait mieux qu'elle ce qui était bon pour son corps ? L'espace d'une seconde, Poppy se demanda si ça faisait vraiment aussi mal qu'on le disait d'envoyer son poing dans le visage de quelqu'un. Il osait parler de féminisme, lui, l'homme infusé au patriarcat, qui divisait les femmes en saintes à idéaliser et traînées à corriger. Le pire, c'est que c'était Grey. N'importe quel autre gus se serait vu contredit sans relâche et sommé de foutre le camp – mais c'était Grey. Alors, Poppy attendit sagement qu'il vienne à bout de sa tirade, qu'il conclut avec un "j'ai juste le malheur de penser que tu vaux mieux que ça" sentimental qui était sans doute supposé justifier tout ce qui avait précédé. Elle le fixa, silencieuse. But une autre gorgée de thé. Fit claquer sa langue sur son palais. But une nouvelle gorgée. "C'est bon, t'as fini ton exorcisme ?" Elle leva les sourcils pour ponctuer la question. Elle était presque plus triste qu'en colère, à ce stade. De savoir qu'après tout ce temps, c'est ainsi qu'il la voyait. "C'est incroyable que, toujours maintenant, tu me connaisses si mal. Tu crois que je lui ai promis quoi, à ce type ? Une bague, une clôture, un golden retriever ? Tu crois qu'il ne savait pas exactement dans quoi il s'embarquait ? Et c'est quoi ce délire de passer de 'tu devrais t'envoyer en l'air' à 'tu devrais traiter les femmes comme des objets sexuels', comme si c'était synonyme ? Tu te rends compte qu'il y a quelque chose qui cloche sérieusement chez toi ?"  Et le pire, c'est qu'elle savait que oui. Elle était certaine qu'au fond, enfoui sous des couches et des couches d'éducation puritaine et de paradoxes frustrants, il le savait. Mais elle, elle était sans complexe. Elle s'assumait, elle était exactement la femme qu'elle paraissait être, elle était impénitente. Et il n'allait pas la traîner dans la boue pour ça. "Franchement, je suis désolée pour toi si à vingt-sept piges, t'as toujours pas résolu ton Œdipe, mais je ne suis pas ta mère, je ne suis pas ta fille, je ne suis pas ta copine, alors ton hypocrisie, tu peux la ramener de l'autre côté du couloir et sucrer ton café avec."
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MessageSujet: Re: - condolences to good. (grey) terminé.   - condolences to good. (grey) terminé. EmptyJeu 14 Jan - 18:14

« C'est bon, t'as fini ton exorcisme ? » Si seulement, il s’en porterait mieux. Dans ce domaine et dans d’autres elle était l’allégorie de tout ce qui l’agaçait et vice versa – et s’il pouvait l’exorciser de son esprit, se faire aveugle et sourd dès lors qu’elle était concernée, tout serait franchement plus simple. « Je ne m’encombre pas de subtilités avec quelqu’un qui ne voit pas de nuance entre tu comptes tester tous les hommes de Seattle ? et le sexe est maléfique ou faire la différence entre qu’est-ce que ça t’apporte de coucher sans sentiments ? et tu devrais te faire nonne. » Mais le plus beau, vraiment, c’était le mélodrame ronflant à la tu me connais si mal suivie de l’évocation déplacée concernant sa famille. Le plus agaçant, c’était de la laisser se faire les griffes sur de vieilles cicatrices, avec l’air outré de celle qui subissait des exagérations là où elle en distillait sans le moindre état d’âme, tellement axée sur l’éducation religieuse qu’il avait reçue qu’elle restait ouvertement et joyeusement braqué à tout ce qu’il pouvait bien lui dire. Darcy éclata d’un rire aussi bref qu’amer, plus jaune que réellement amusé. « C’est vrai que je te connais mal, il me restait à découvrir certains aspects de la répartie bluffante de Penelope Open Minded Pushkin. Rassure-moi, dis-moi que tu sais ce qu’est vraiment un complexe d’Œdipe et que ta référence douteuse était juste une tentative de punchline foireuse. » C’était plutôt riche, d’ailleurs, venant de quelqu’un qui adulait ses mères et ne pouvait vivre sans elles ; mais en ce qui le concernait, il n’était pas encore assez tordu pour établir une corrélation entre une influence et un complexe à tendances incestueuses. « Pour quelqu’un de si prompt à étaler son avis comme une vérité universelle, je crois que la carte mêle-toi de tes affaires entre quand même dans le top 5 de c’que tu peux faire de plus piètres en matière d’arguments. Juste derrière le j’ai forcément raison donc tu as tort, fin de la discussion que tu manipules avec brio. Logique implacable. » Il pouvait toujours faire marche-arrière, reconnaître qu’ils ne trouveraient tout simplement jamais de terrain d’entente sur ce point. C’était simple – et son corps se mit d’ailleurs naturellement en mouvement, direction la sortie. Mais elle était entre la porte et lui, et si elle faisait tout sauf lui barrer le chemin, il fallait encore qu’il parvienne à passer à côté d’elle sans s’arrêter. Epic fail, il se retrouva planté à côté d’elle, la mâchoire méchamment crispée et le regard rivé sur la porte, mais les pieds cloués au sol. Il était agacé, Darcy, royalement gonflé qu’elle ne le comprenne pas, frustré de ne non plus être à même de la comprendre. Rongé par des tentations contradictoires – l’envie de la mettre hors d’elle ou de calmer le jeu, de l’écouter ou de la faire taire, de lâcher prise ou de s’accrocher, de s’éloigner d’elle ou de tenter l’approcher. Sauf qu’elle n’était pas une fille pour lui et qu’il n’avait rien à lui offrir, elle ne réclamait rien qu’il soit à même de proposer. Ça ne servait pas à grand-chose de s’emporter. « Qu’est-ce que tu lui as trouvé, à ce mec ? » Ça ne servait pas à grand-chose de demander non plus. « Oublie-ça », rattrapa-t-il dans la foulée en levant les paumes comme en signe de reddition. « T’as pas de comptes à me rendre, je sais, et de toute façon je m’en tape. »


Dernière édition par Grey Darcy-Rowe le Ven 15 Jan - 14:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: - condolences to good. (grey) terminé.   - condolences to good. (grey) terminé. EmptyVen 15 Jan - 13:20

"Je ne m'encombre pas de subtilités avec quelqu'un qui-" Poppy replongea la tête dans son mug avec un grognement. Question mépris, ils se valaient bien. Raison pour laquelle ils étaient toujours tous les deux dans cette cuisine et que personne n'avait encore abandonné la pièce dans un cri frustré. Mais en envolées lyriques, Grey était loin devant. Ça doit lui venir de la messe, cet amour pour les sermons, pensa-t-elle une seconde avant de se mordre l'intérieur de la joue, censurant le 'cul-bénit' qui lui chatouillait la langue, comme une peste de douze piges. Bien que la nature humaine veuille combattre le feu par le feu, elle ne pouvait pas se permettre de lui faire subir précisément ce qu'elle lui reprochait, le jugement hâtif de l'ignorant, qui venait d'un milieu opposé. Jamais Poppy n'aurait, quant à elle, osé juger les fréquentations de Darcy, leur durée, leur nature, leur fréquence, sans y avoir été invitée. Elle n'avait pas le moindre problème avec la religion, la chasteté, la pudeur – elle avait toujours défendu Bella dans ses choix aux yeux de tous. Le conflit commençait là où les gens voyaient bon de lui enfoncer leurs valeurs dans la gorge. On lui avait appris la dignité, be the bigger person, Pops. Alors elle garderait ses insultes sous le palais, même si les arguments dédaigneux de Grey n'étaient que des versions sophistiquées des "slut" que d'autres lui avaient déjà lancés au visage. Car la différence d'opinion, de factuelle était devenue mesquine. Le dédain était peint partout sur ce visage qu'elle avait trop regardé, alors Poppy baissa les yeux. "Pour quelqu’un de si prompt à étaler son avis comme une vérité universelle, je crois que la carte mêle-toi de tes affaires entre quand même dans le top 5 de c’que tu peux faire de plus piètres en matière d’arguments." Elle fixa ses mains, les veines bleues qui y couraient, pour ne pas laisser le rouge lui monter aux joues, ou les larmes aux yeux, ignorant quelle issue son corps imprévisible choisirait pour évacuer la déception. D'un coup, d'un seul, elle se souvenait de la raison pour laquelle elle avait choisi de s'entourer de si peu d'hommes. Ils la faisaient invariablement crier, ou chialer. Et Grey, pile au centre de son diagramme de Venn du dégout ordinaire, remplissait les deux fonctions. Il fit mine de s'en aller, la quittant sur trois syllabes, im-pla-cable. Elle lui laisserait le dernier mot, il en avait plus besoin qu'elle. Mais elle ne lui donnerait pas la satisfaction de la voir exposer des sentiments. Ce qu'il fit en place et lieu de foutre le camp la prit par surprise. "Qu'est-ce que tu lui as trouvé à ce mec ?" Poppy tourna la tête dans un rictus. What the hell are you playing at? Elle ne comptait pas lui donner de réponse, il en avait déjà trop obtenu d'elle. Elle comptait se murer dans son silence, pour s'éviter de laisser s'échapper tout ce qui lui rongeait les joues, mais Grey commit une erreur de débutant : "de toute façon, je m'en tape." Sauf que c'était faux, ils ne s'en tapaient jamais, quand il était question de l'autre, et c'était bien ça le nœud du problème. Leur vie à chacun aurait été plus facile s'ils avaient eu le courage de le faire. "Tu veux savoir ?" Poppy déposa son mug sur le comptoir dans un tink sonore. "Je lui ai trouvé ce que j'ai trouvé à tous les autres. C'est… simple. Ce n'est pas-" elle chercha un mot, tandis que son index désignait vaguement l'air entre leurs deux poitrines. "ça." Dans un soupir bref, détournant le regard avant que Grey s'imagine y voir plus qu'elle ne voulait bien en dire, elle se leva de son tabouret. Fit deux pas jusqu'à l'étagère, qu'elle ouvrit. Elle se fit aussi grande que possible afin de parvenir à faire glisser vers elle le paquet épais de papier blanc. Du sucre. Moins de gazon, plus de glucose. Elle le lui tendit, paume vers le haut, vaincue. "C'est celui des filles. Pense à le ramener," expliqua-t-elle d'une voix morne, les yeux perdus quelque part au dessus de l'épaule gauche de Darcy. Elle se sentait crevée. Après tout, la nuit avait été courte. Be the bigger person, Pops. Ses mamans seraient fières.
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MessageSujet: Re: - condolences to good. (grey) terminé.   - condolences to good. (grey) terminé. EmptyVen 15 Jan - 14:42

« Tu veux savoir ? » Non. C’était ce qu’il voulait répondre, braqué, sur la défensive. Il aurait voulu se plaquer les paumes sur les oreilles, puérile, il avait tranché : il préférerait ne rien entendre. La question lui avait échappé, bête connerie, elle ne pouvait rien apporter de bon, non ? Il s’attendait déjà à des multitudes de réponses, Darcy – mais pas à ça, pas à une reddition, pas à la lassitude qui brodait les traits délicats de Poppy, à cause de lui. « Je lui ai trouvé ce que j'ai trouvé à tous les autres. C'est… simple. Ce n'est pas… ça. » Ça ? Perplexité, encore. Incompréhension, toujours. Il savait lire entre les lignes, d’habitude – c’était son métier : être impitoyable, inflexible, mener la discussion. Déceler les non-dits, se faufiler dans les brèches, marteler, arracher les informations qu’il exigeait. C’était de la manipulation d’idées, de mots, de phrases, ce que les cibles des médias haïssaient, ce que le public réclamait, adorait. Mais il ne ressentait aucune sensation de victoire, rien, rien d’autre que de l’amertume, le goût de l’échec. Ce qu’elle avait trouvé à ce type qu’elle avait choisi de ramener chez elle, ce n’était pas ce qui existait entre eux – mais quoi ? Et déjà elle se détournait, mais il ne savait comment exiger des réponses, après l’avoir acculée. Elle était forte Poppy, il le savait, mais il y avait un terrain miné entre eux, et s’il dépassait les limites, qu’arriverait-il ? Peut-être l’avait-il déjà fait. Peut-être que ça c’était négatif : incapacité à communiquer, conflits, conflits, conflits, hargne et contradictions. Peut-être qu’elle trouvait aux autres tout ce qu’elle ne trouvait pas en lui, tout ce pour quoi elle ne voudrait jamais de lui. Sans intermédiaire ils n’étaient bons qu’à se bouffer le nez, dans le mauvais sens du terme, et c’était précisément la raison pour laquelle il n’avait jamais rien tenté. (Tu lui tournes autour, non ?) Question récurrente, réponse automatique : tss, non. (Tu la lâches pas du regard pourtant) – hm ? Oh, ça. Elle a une feuille de salade coincée entre les dents. Des excuses à la con, des remparts, de la distance, et la tentation déniée avec acharnement qui lui obstruait pourtant les sens, qui crépitait sous son épiderme, le besoin de se brûler à sa flamme indomptable. Machinalement, il porta son pouce à ses lèvres, rongea le bout de peau sur lequel il s’acharnait en cas de stress, d’indécision. Ça, ça voulait dire quoi, vraiment ?  

Ses yeux coulèrent du sol à la silhouette de Poppy, enveloppée dans une robe de chambre légère qu’il s’interdisait formellement de détailler – la ceinture bas sur sa taille, le tissu qui épousait sporadiquement ses courbes, son bras tendu à l’extrême pour atteindre une étagère haute. Moins de gazon, plus de glucose, pile comme il l’aimait. « C'est celui des filles. Pense à le ramener. » Plus d’artifices, moins de Poppy. Il aurait pu en demander au voisin de palier, ça aurait été plus rapide, mais il venait toujours taper à cette porte-là, dans ces placards-là, réserves diététiques, tout ce qu’il détestait. Et il aimait le contraire – la voir errer entre ses murs, prendre ses aises, comme si cet autre appart’ était une prolongation du sien. Ça lui plaisait, même si ce n’était pas grâce à lui mais à Cole qu’elle s’y sentait à l’aise. « Ouais, ok », répondit-il à retardement avant de la rejoindre dans la cuisine. Il suffisait qu’il dise merci et tourne les talons. Après, ils ne seraient plus jamais seuls et recommenceraient leur bon vieux manège : disputes interrompues par des tiers, échanges amusées parfois, coups d’œil à la dérobée, mais chacun ses occupations, essentiellement. Darcy prit le paquet, le posa sur la table derrière elle et resta là, paume à plat sur le plan de travail. Le bras à deux doigts d’effleurer sa taille, sans la toucher pourtant. Il esquissa un mot du bout des lèvres, le ravala, fronça les sourcils, recommença. « On n’est pas vraiment… compatibles, hein ? Je veux dire, on n’arrive même pas à se mettre d’accord à propos d’un paquet de sucre. » Rire faux, maladroit, vite réprimé. Il s’humecta les lèvres, ne sachant trop lui-même où il voulait en venir, ce qu’il tentait de rattraper. « J’ai jamais été fan de tes plans d’un soir mais j’avais pas à m’emporter à ce sujet. Je suis désolé. » Il avait des centaines de phrases sur le bout de la langue, mais ses lèvres y faisaient barrage de peur de la faire fuir. « Nos divergences d’opinion ne m’empêchent pas de te respecter, juré. Ce matin j’ai juste – » ça main libre esquissa un mouvement volontairement incontrôlé, ses traits exprimant le trop plein et la frustration débordante, pour combler les mots qui ne lui venaient pas. « C’est juste que tes mecs, qu’il y en ait dix, deux ou même un seul, je les aimerai pas. C’est viscéral, ils me foutent en rogne, tous. » Il déglutit difficilement, chercha son regard, esquissa un demi-sourire qui se voulait rassurant, alors qu’il cherchait une échappatoire pour noyer cette simili-déclaration. « Mais ça n’arrivera plus. C’est une promesse : plus de commentaires, plus de morale, je me tiendrai à carreau ok ? » Ça pulsait à vive allure au creux de sa poitrine, bien qu’il affichait un air tranquille, comme s’il n’avait rien à perdre. Le mouvement de ses commissures n’atteignit pas ses yeux, mais il plaça une main entre eux, l’air de dire tape m’en cinq. « Alors... toujours amis ? »
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MessageSujet: Re: - condolences to good. (grey) terminé.   - condolences to good. (grey) terminé. EmptySam 16 Jan - 22:46

Le "ça" flotta à travers la cuisine, épais, cotonneux, et elle crut deviner ses implications sur les traits de Grey. Si elle n'avait pas porté le poids du découragement créé par ses dernières remarques, Poppy aurait sans douté pris le temps de jouir de son infime victoire. La satisfaction d'avoir semé un peu de l'incertitude qu'il soulevait chez elle. Juste retour des choses. Parce que Grey et Poppy, l'histoire éternelle, elle ne tenait pas en mille lettres, alors autant lui en donner deux. Laisser l'élastique étiré à l'extrême entre leurs deux poitrines dire le reste. Le sucre fut étendu, davantage drapeau blanc, cessez-le-feu calorique et temporaire que véritable offrande de paix. Car il fallait se rendre à l'évidence, les conflits, c'était eux. Le paquet fut soulevé de sa paume, déposé à trente centimètres. Poppy ne se rendit compte de sa présence qu'une fois qu'il fut proche, et son expiration s'évanouit dans sa gorge. Soudainement, l'élastique était un peu plus lâche – et elle aussi. Elle baissa le regard, car elle savait ce qu'elle allait vouloir lire dans ses yeux. Et elle avait peur qu'elle l'y trouve. "On n'est pas vraiment compatibles, hein ?" Tais-toi. Tais-toi. "Je veux dire, on n'arrive même pas à se mettre d'accord à propos d'un paquet de sucre." Les conflits, c'était eux. Elle laissa échapper l'air saturé d'électricité de ses poumons. "C'est moi," lâcha Poppy en secouant lentement la tête. Elle leva la tête, eut un sourire las. "C'est moi qui ne suis pas compatible. Tu l'as bien vu…" expliqua-t-elle, en désignant du bout de l'index la porte, Luke, et tous les hommes qu'il avait représenté ce matin. L'incompréhension, les cris, c'était son schéma habituel, avec le sexe opposé. Ce n'était pas la faute de Grey. A part Cole, elle n'avait jamais été capable, ni particulièrement encline à entretenir une relation avec une paire de chromosomes xy qui n'était pas pour le moins houleuse. Peut-être qu'elle avait encore raté une occasion de se taire, Poppy n'avait jamais été très friande des confessions out of the blue, et cela sonnait dangereusement proche d'une excuse. Ce fut lui, pourtant, qui dégaina en premier la branche de rameau. "J'ai jamais été fan de tes plans d'un soir mais j'avais pas à m'emporter à ce sujet. Je suis désolé." Poppy ne put s'empêcher de lever un sourcil circonspect. Aussi facilement que ça ? Un peu de rouge aux joues, un brin de tristesse dans le regard, et il ravalait ses beaux principes ? Oh, ce que les prochaines rencontres allaient être divertissantes. Cette astuce allait s'avérer utile, et elle, opportuniste comme seuls les avocats pouvaient l'être, elle était décidée à voir jusqu'où elle pouvait pousser sa chance.  "C’est juste que tes mecs, qu’il y en ait dix, deux ou même un seul, je les aimerai pas." Tais-toi, tais-toi, TAIS-TOI. "C’est viscéral, ils me foutent en rogne, tous." Elle chercha une piste, une fissure à laquelle s'accrocher. L'espace d'une seconde, elle trouva un gouffre. Putain de-.  La main de Poppy se perdit derrière elle, alla chercher l'appui de la table. Quelque chose dans son entourage immédiat qui n'était pas lui, car il remplissait tout son champ de vision, cet idiot. "Toujours amis ?" Pas le mot qu'elle aurait choisi. Ce n'était pas de l'amitié, pas vraiment, ça ne l'avait jamais été. C'était une collision de trains dans une vallée fleurie. L'issue était inévitable, mais la vue en valait la peine. Tout ce qu'elle vit fut ses yeux, et fuck, qu'est-ce qu'ils étaient bleus. Ressaisis-toi, Poppy. "Je sais pas trop. Je crois qu'il va me falloir plus qu'une main tendue pour passer outre." Fausse innocence, haussement d'épaules. Si les valeurs étaient l'élément de Darcy, ils avaient franchi la frontière en plein dans le sien : les négociations. Poppy recula de quelques centimètres, s'appuyant sur la table. C'est maintenant ou jamais. "Tu vois, j'ai cette soirée du boulot vendredi, les quinze ans du cabinet et-" elle s'interrompit. Et quoi, exactement ? Comment dire à Grey qu'il lui fallait un cavalier, à la femme de tous les hommes, pour envoyer les rumeurs au tapis, pour qu'on lui fiche la paix ? "Et je n'ai personne pour m'accompagner." There. D'un seul coup, comme un pansement.
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MessageSujet: Re: - condolences to good. (grey) terminé.   - condolences to good. (grey) terminé. EmptyDim 17 Jan - 1:21

« Je sais pas trop. Je crois qu'il va me falloir plus qu'une main tendue pour passer outre. » Coup d’œil circonspect. « Ouais, enfin, c’est pas comme si t’avais été tendre non plus », qu’il répliqua avec un froncement de sourcils, un peu sur la défensive, clairement méfiant quant à l’ampleur de ses potentielles exigences. Curieux aussi, cela dit, de ce qu’elle pouvait bien avoir en tête, il croisa les bras sur son torse, esquissant un rictus amusé à la vue de son petit air innocent. « Mais go on, dis-moi tout. » Elle était trop proche et il avait un mal de chien à garder les yeux au niveau des siens, sans jamais bifurquer vers ses lèvres. Son mouvement de recul le laissa mi-soulagé mi-désappointé, Darcy s’efforça de n’en rien montrer. « Tu vois, j'ai cette soirée du boulot vendredi, les quinze ans du cabinet et- » deux secondes de pause auxquelles il ne réagit pas, incapable de déterminer où elle voulait en venir. « Et je n'ai personne pour m'accompagner. » Hmhm, ok. Il attendit la suite, mais suite il n’y eut pas. Et au bout de quelques secondes de silence de plus, il se crispa, craignant de comprendre. « Wait, wut ? Nope. » C’était catégorique, il pouvait presque voir palpiter une veine à sa tempe. « Si tu comptes sur moi pour te présenter quelqu’un tu peux toujours courir. » Non parce qu’il y avait une marge entre ravaler son agacement et jouer l’entremetteur, sérieusement, pour qui elle le prenait ? « Je veux dire, je suis pas un putain de Cupidon, tu peux pas t’y rendre avec – je ne sais pas, Cole ? Ou à la limite je peux y aller avec toi, moi, on risque juste de passer la soirée à s’engueuler mais si c’est pour dépanner – » Arrêt sur image. Regard rivé dans le sien. Clignements de paupières. Rembobine, recommence. « Ah, tu me demandais de t’accompagner ? » Sa voix était tissée d’incrédulité, une telle proposition était à peu près la dernière chose qu’il s’attendait à l’entendre formuler. « Euh, ouais, je suppose que c’est – t’as dit quel jour déjà ? » Pris de court, il sortit son téléphone de la poche arrière de son jean, pianota en quête de son agenda, fit défiler jusqu’à accéder à l’emploi du temps du vendredi mentionné. Rien qui ne puisse être reprogrammé. Une inspiration. « Vendredi alors. Deal. » Bon sang, pourquoi le rendait-elle si empoté ? Il se rassura de la voir s’agripper au plan de travail, comme à deux doigts du naufrage. C’était un peu ça au final – ils foulaient le sable d’une terre inconnue, s’engageaient sur une voie qui promettait d’être tout sauf aisée. Il ne voulait pas lire dans cette invitation plus qu’il n’y avait à y voir (c’était un rendez-vous, mais probablement pas un """"rendez-vous"""", ya know, et bordel, voilà, il s’embrouillait). Darcy se retint de lui demander si elle était sûre, parce qu’elle avait plutôt l’air de ne pas l’être et qu’il n’était pas certain de pouvoir/vouloir encaisser un changement d’avis, même s’il n’était pas non plus certain de la viabilité de cette idée. Il jura à mi-voix en voyant l’heure. Cette fois, son regard coula sur les lèvres de Poppy lorsqu’il quitta l’écran du téléphone des yeux ; une demi-seconde seulement, cela dit, et il recula d’un pas pour ne rien faire qu’il risquerait de regretter par la suite. « Je ferais mieux d'y aller. » légèrement ennuyé de devoir s’éclipser maintenant, cela dit ce n’était pas plus mal : l’atmosphère devenait un peu… awkward, et il avait déjà beaucoup abusé de son temps sans y avoir été invité.
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